Faire ses études en prison: l'éducation au second plan

Étudier en prison, les différences entre la loi et la réalité

Premièrement, les conventions qui assurent le bon fonctionnement des études en prison privilégient un public particulier : les mineurs, les jeunes majeurs, ceux qui ne possèdent pas un niveau d’enseignement primaire et les analphabètes ou illettrés. Les personnes n’appartenant pas à ces catégories ont plus de mal à profiter de l’enseignement en prison. Deuxièmement, ce droit à l’enseignement dépend de nombreux établissements et fluctue en fonction de la direction et de l’unité d’enseignement. Seulement une personne sur quatre accède à un enseignement avec un temps moyen d’à peine six heures par semaine et douze pour les mineurs. L’enseignement reste donc un privilège à partir du moment où il s’applique plus à certaines catégories qu’à d’autres et plus dans certains établissements que dans d’autres. 

Il ne faut pas oublier non plus que l’accès au scolaire est éminemment dépendant du comportement en détention du détenu. Les moyens étant limités il n’y a pas de place pour tout le monde.

 

La faiblesse des moyens mis en place

Factuellement encore, on compte en moyenne moins d’un enseignant pour plus de cent trente personnes détenues. Il y a de plus 10% des détenus qui sont en situation d'illettrisme. La cause la plus évidente est le manque de moyens alloués à ces leviers d’insertion et l’impossibilité pour les détenus de combiner formation et travail afin qu’ils perçoivent des revenus nécessaires. Cependant, les besoins d’enseignement et d’éducation sont plus qu’urgent : plus de 90% des détenus ont un niveau inférieur au bac, 44% n’ont aucun diplôme et environ ¼  ont des besoins importants dans la maîtrise des savoirs de base. 

 

La prison n'est pas un lieu propice à l'enseignement

Tout d’abord, c’est très souvent la logique pénitentiaire qui prime sur celle de l’éducation. En cas de transfert d’un établissement à un autre, la situation scolaire n’est que très peu étudiée. Selon Fanny Salane, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Paris Nanterre, il arrive fréquemment que l’on transfère des détenus avant leur examen et ce même s’il n’existe pas de possibilité de repousser l’examen. De plus, il n’y a pas de stabilité en termes d’organisation dans les prisons. Les détenus sont très souvent dérangés et ne choisissent pas leur emploi du temps et l’horaire des parloirs.  Les conditions matérielles sont également extrêmement complexes. Il est effectivement très compliqué d’accéder à des ressources pédagogiques sans internet et de se procurer le matériel nécessaire.

 

L'étude en milieu carcéral contribue à l'amélioration de plusieurs aspects de la vie quotidienne

Selon des études de la Convict Criminology dans des prisons françaises et italiennes, les effets les plus immédiats de l’éducation en prison se retrouvent dans le domaine de la santé mentale et physique de la personne détenue. Parmi des témoignages de médecins ou psychologues pénitentiaires, les détenus ont moins recours aux médicaments et aux provocations constantes. D’autre part, l’engagement éducatif a un effet positif sur les dynamiques familiales et aide par conséquent à la réinsertion. 

Cependant, malgré tous les bienfaits de l’étude en prison, cette dernière est encore trop peu considérée et les moyens nécessaires sont bien loin d’être mis en place.


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Sources