Portrait d'un tueur

Jacques Mesrine : vie d'un ganster


Jacques Mesrine, bien qu’il soit décédé il y a 41 ans, est aujourd’hui encore un des détenus français qui fascine le plus. Le mythe s’est constitué avec ses nombreuses évasions et cavales, entre provocation et médiatisation, il a su se faire aimer du grand public. Plusieurs films et livres racontent son étrange aventure, rien ne le prédestinait à tomber dans la délinquance et pourtant il est devenu une figure majeure du grand banditisme. 

 

 


Mesrine a créé son personnage lui-même, en vivant une vie tumultueuse et en l’exposant. Bien qu’il vienne d’une famille relativement aisée, il commet de nombreux cambriolages, il s’évade de prison, il voyage et mène plusieurs vies (îles Canaries, Etats-Unis et Canada, Venezuela…). On le surnommera « l’homme aux mille visages » parce qu’il se grimait pour échapper aux forces de l’ordre, sa vie ressemble à un film et il aime en jouer. Il dira un jour devant la cour d’assise : « Si Mesrine n'agissait pas comme il agit actuellement, Mesrine serait foutu. Je joue peut-être un personnage. Mais, au moins, je suis sincère avec moi-même. ». Il est décrit comme un homme charismatique qui possède une double personnalité, d’un côté il est séduisant et de l’autre il est violent et sombre. 

 

L’art de la provocation n’avait pas de secrets pour lui. Il aimait jouer avec les médias et avec la police. Il a ainsi dit à des agents venus l’arrêter après une cavale « Chapeau, messieurs ! Vous êtes plus forts que vos collègues américains », et à son arrestation suivante il a préparé une bouteille de champagne pour ses opposants. Il aimait répondre à des interviews et faire la une des journaux grâces à des délits spectaculaires. Entre braquages de casino et de banques et enlèvement de milliardaire contre rançon, il en arrive à être surnommé l’ennemi publique numéro 1. Sa propre mort ressemble à une mise en scène, il est abattu par la police dans sa voiture porte de Clignancourt à Paris. Le pare-brise est criblé de 18 balles, il meurt sur le coup et il est laissé dans la même position pendant un long moment ce qui laissera le temps à des journalistes de prendre des photos qui feront la une des journaux. 

 

 Il était révolté contre les normes de la société et notamment contre le système pénitentiaire. Pour lui, « l’évasion est un droit » et il est même allé jusqu’à tenter de libérer des détenus dans la prison canadienne de laquelle il s’était échappé seulement quelques jours auparavant. Il dénonçait la violence des quartiers de haute sécurité (QHS). Un QHS était une unité de prison dans laquelle les détenus étaient totalement isolés et avaient encore moins de libertés, c’était réservé aux prisonniers dangereux ou susceptible de vouloir s’échapper. En 1982, le garde des sceaux Robert Badinter les a qualifiés comme un régime inhumain qui broie les hommes. Il les a fait fermer ou transformer en unité d’isolement avec un régime moins dur. Cette décision est intervenue 3 ans après le décès de Mesrine. 

 

Deux autobiographies écrites et une cassette audio ont été laissé comme témoignages d’un braqueur mythique, dont la vie a été une aventure de tous les jours qui reste gravé dans la culture populaire.