Rencontre avec Maître Frank Berton

 

 

 

 

 

L’Ombre et la Plume reçoit Maître Frank Berton, l'un des plus grands avocats français. 

Son histoire

Avocat pénaliste au barreau de Lille depuis 1989, Maître Berton est animé au quotidien par sa volonté de « Redonner une part d’humanité au crime ». En 2004, dans l'Affaire Outreau, il a permis l'acquittement d'Odile Marécaux et de Franck Lavier. 4 ans plus tard, il est reçu à l'Elysée pour l'affaire Florence Cassez. En 2010 et 2011, il est avocat dans l'affaire Cottrez, liée à des infanticides. En 2016, il prend la défense de Salah Abdeslam, dernier des terroristes des attentats de novembre 2015.

Nombreuses sont les autres affaires qui ont permis à Maître Berton d’être aujourd’hui un ténor du barreau lillois.

 

Retour sur la conférence

Maître Berton a d’abord évoqué sa vocation pour le droit, cette passion pour la défense qu’il a depuis qu’il est jeune. Quand on lui demande ensuite de nous expliquer quelle affaire a été la plus complexe à traiter, il nous répond : « Il n’y a pas de petit dossier. Il n’y a pas de hiérarchie dans le drame. Il n’y a pas de hiérarchie dans la souffrance. Il n’y a pas de hiérarchie dans le crime. ». Pour lui, c’est la recherche d’humanité chez chacun de ses clients qui est essentielle. En prenant l’exemple de l’affaire Cottrez, une mère qui a tué 8 de ses enfants, il nous dit qu’ « expliquer, c’est déjà donner de l’humanité », que « s’il n’y a pas d’humanité, il n’y a pas de justice ». 

 

Il préfère ne pas revenir sur l’affaire Abdeslam, au nom du secret professionnel, et nous explique qu’il n’en a parlé qu’une fois publiquement, lors de son interview donnée à David Pujadas sur France 2.

 

Maître Berton explique que le démarchage est interdit dans les affaires médiatiques. Ce sont les clients qui choisissent leurs avocats. Il revient également sur la notion d’affaires médiatiques. L’avocat peut décider ou non de médiatiser une affaire. Les médias viennent parfois chercher les avocats pour médiatiser. Il a fait ce choix à quelques reprises quand il jugeait que cette médiatisation serait utile pour ses clients. Notamment dans l’affaire Farid El Hairy, accusé à tort par une femme de l’avoir violé lorsqu’il avait 17 ans. Lorsque cette femme écrit une lettre 20 ans après pour l’innocenter, Farid est réhabilité par la cour de révision (seulement 12ème fois que la justice reconnait une erreur de sa part).

 

Bien que cela puisse surprendre, Maître Berton ne demande jamais à son client s’il est l’auteur du crime ou pas. S’il demande, il bouscule dans la morale. Or « la morale et la justice ne font pas bon ménage. » Il symbolise cela en une phrase : « Lorsque je mets ma robe, je cesse d’être Frank Berton et je deviens avocat. »

 

Il développe ensuite que les gens ne réalisent pas la violence de la prison. Et c’est encore pire dans les prisons pour femmes. Il affirme : « Je n’aime pas aller en prison. Dès que je peux sortir, je sors. ». Il déplore le fait qu’aujourd’hui la réinsertion ne soit pas une priorité. Le budget de la justice est orienté vers la construction de nouvelles prisons et aucunement vers la réinsertion. Le problème est que le système n’offre rien aux détenus à la sortie de prison, ils sont laissés à eux-mêmes. Ainsi, pour lui, « la prison, c’est le berceau de la récidive. »

 

Maître Berton ne sait pas comment la criminalité va évoluer dans les prochaines années, mais il est en tout cas certain que « qui dit paupérisation de la société, dit forcément augmentation de la criminalité. »

 

Maître Berton a insisté dessus tout au long de la conférence et a fini sur un point essentiel. « La justice, ce n’est pas un match de foot. Il n’y a pas un gagnant et un perdant. Je peux vous dire combien de personnes ont été condamnées à tort selon moi.  On ne dit pas c’est la vérité, on dit c’est la vérité judiciaire, et ça arrange tout le monde. Ceux en faveur, tout comme ceux qui s’y opposent. »

 

Mot de la fin

L’Ombre et la Plume est heureuse d’avoir pu sensibiliser au système carcéral et à ses difficultés les étudiants de l’EDHEC, ceux de l’Université Catholique de Lille et toutes les autres personnes présentes.

Encore un immense merci à Frank Berton pour sa venue, au pôle « Sensibilisation » pour son travail et à l’EDHEC de nous avoir accueilli sur le campus.


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