Au 31 Mars 2020, 303 cas confirmés de coronavirus étaient recensés parmi le personnel de prison et les détenus. À ce jour, deux décès sont survenus et des dizaines de nouveaux cas ont été déclarés. Entre surpopulation, inquiétude et crise sanitaire, les prisons sont au bord de l’émeute générale et l’État s’efforce de trouver des solutions.
Par mesure de sécurité, les 188 établissements pénitentiaires de France ont été obligés d’interdire les parloirs pour empêcher la propagation du Virus. Cette mesure est venue attiser l’inquiétude des détenus qui suivent la situation depuis les prisons. Ayant peur d’avoir été contaminés, certains redoutent de mourir en prison sans avoir vu leurs proches. Les parloirs étaient également le moment où les proches ramenaient du linge propre aux détenus, ce qui est impossible maintenant.
Les conditions d'hygiène des prisons françaises sont déplorables en temps normaux, mais cela est encore plus dramatique dans des établissements surpeuplés. L’isolation des cas symptomatiques est impossible, les mesures d’hygiène ne sont pas respectées de tous et le personnel soignant manque de ressources. Manque de masques, manque de gel hydro-alcoolique, le personnel soignant déplore son incapacité à prodiguer les bons soins et à se protéger eux, les détenus, les surveillants et le personnel administratif.
Les détenus se plaignent de ne pas être informés de l’évolution de la situation dans leur prison, du nombre de cas ou de décès. De plus, la crise sanitaire que nous vivons a entraîné la suspension des activités socio-éducatives, interrompant les interventions d’associations comme L’Ombre et la Plume et privant encore plus les prisonniers de contact extérieur. Cette colère grimpante a éclaté dans plusieurs prisons avec des mutineries et de grands moments de violence, notamment à la prison de Fleury-Mérogis, de Grenoble ou encore Vezin-le-Coquet.
En Italie, des émeutes d’une violence rare éclatent dans les prisons du pays. Des détenus montent sur les toits et réclament l’amélioration des conditions sanitaires. Aux États-Unis, les détenus de l’État de New York sont réquisitionnés pour produire du gel hydro-alcoolique en masse. Le gouverneur de l’état menace d’introduire ce produit à prix extrêmement bas car exempt de coût de main d’œuvre sur le marché si les autres marques continuent d’augmenter les prix en réaction à la crise. Cette mesure a fait polémique car pour certains elle remet en cause les droits de l’Homme des détenus. Il est important que chaque pays pense au sort de ses prisons et prenne des mesures pour protéger toute sa population.
Certains détenus lancent de magnifiques initiatives pour soutenir le personnel soignant. A la maison d’arrêt d’Amiens, les détenus ont récolté environ 1000 euros pour le CHU de leur ville. À Laon, dans l’Aisne, 1055 euros ont été levés. Ces détenus font le moins qu’ils peuvent, le moins qu’on puisse faire c’est rester chez nous.
Le 16 mars, la veille du début du confinement le nombre de prisonniers était au plus haut dans les 188 établissements pénitentiaires de : 72.575 pour environ 61.000 places.Depuis, les détenus à moins de 2 mois de la fin de leur penne sont libérés ou placés sous contrôle judiciaire de manière plus facile et anticipée. Le 13 avril, ils étaient 62.650, soit 9.923 prisonniers en moins. L’État a également promis que les prisons seraient avec les hôpitaux les établissements qui recevront des masques en priorité. Fortes de ce désengorgement, les prisons s’efforcent de respecter les règles et gestes barrière.
Cyrille Canetti, psychiatre en chef de la prison de la Santé, explique au Monde que « l’ambiance en milieu carcéral reste anxiogène, mais les détenus réagissent « plutôt bien » face à la crise sanitaire. »