En 2021, 122 détenus se sont donné la mort en France. Cela dénote près d’un suicide tous les 3 jours. La France dresse ainsi un des pires bilans parmi les pays d’Europe de l’Ouest en termes de taux de suicide carcéral.
Cela reflète un mal être dans les prisons françaises puisque le taux de suicide carcéral est 6 fois plus élevé que celui de la population.
Le suicide est ainsi la 1ère cause de mortalité en prison en France et dans le monde.
La pendaison ou auto-strangulation sont les méthodes les plus fréquentes. Mais il arrive que les détenus se donnent la mort par intoxication alimentaire, phlébotomie (incision veineuse) ou défenestration (se jeter par la fenêtre).
Ce sont les hommes, et plus spécifiquement ceux dans la tranche d’âge 45-54 ans, qui ont le taux de suicide le plus élevé.
Premièrement, la situation personnelle des détenus : les tensions ou les antécédents familiaux, le faible niveau d’éducation ou encore la solitude peuvent créer une détresse psychologique conduisant à des pensées suicidaires. Les visites jouent ainsi un rôle majeur dans la conservation des liens sociaux et réduisent de moitié le risque de suicide des individus.
La santé mentale est également primordiale pour prévenir les suicides. Les soins pour la dépression et troubles psychiatriques peuvent empêcher que la situation ne dégénère, et ce d’autant plus que ces individus peuvent connaitre un grand sentiment de honte ou de culpabilité.
Enfin, la consommation de substances peut entrainer en elle-même un état dépressif qui ne peut que s’aggraver par le sevrage brutal suite à l’incarcération. Et en ce sens, les drogues jouent un rôle important dans la sursuicidité carcérale puisque c’est près du tiers des détenus qui admettent avoir consommé des substances illicites dans les 12 mois précédents leur incarcération.
Les conditions de détention sont également un facteur de sursuicidité : plus un individu est isolé, plus il est susceptible de se donner la mort.
En outre, les mauvaises relations entre détenus et surveillants ou les harcèlements entre détenus peuvent être des facteurs de suicide. La surpopulation carcérale tend aussi à créer une situation de détresse psychologique.
En France, la moitié des suicides est réalisée dans les 6 premiers mois de détention. Ceux ayant commis une infraction violente (meurtres ou viols) ont le taux le plus élevé de suicide.
Cependant, il est à noter que beaucoup de suicides se déroulent dans les maisons d’arrêt et touchent de façon nettement plus marquée les prévenus (ceux en attente de jugement) par rapport aux condamnés ayant une peine inférieure à 2 ans.
Face à la forte montée des suicides en prison entre les années 1990 et 2000, le gouvernement français a fait de la lutte contre la sursuicidité carcérale une priorité en 2002 et a donc pris des mesures pour essayer de l’endiguer.
Malheureusement, si ces mesures ont eu de bons résultats au début, 2008 et 2009 ont fait remonter le taux de suicide carcéral à un état très préoccupant.
La France a mis en place une ambitieuse politique de prévention en 2009 en jouant sur cinq actions : renforcer la formation du personnel pénitentiaire, appliquer des mesures de protection pour les détenus en crise suicidaire (cellules de protection d’urgence : murs lisses, objets aux bords arrondis, vêtements jetables et serviettes déchirables), développer la recherche de pluridisciplinarité, lutter contre le sentiment d’isolement des détenus et mobiliser tous les membres de la « communauté carcérale ».
Il a ainsi été créé en 2010 un dispositif des codétenus de soutien (CDS) ayant pour objectif de former les détenus volontaires aux premiers secours, à l’écoute active et à la détection des risques de suicide.
La loi de 2002 avait institué la mise en place des unités d’hospitalisation spécialement aménagées, UHSA. Celles-ci ont ainsi été ouvertes en 2010 pour assurer l’hospitalisation des détenus atteints de troubles mentaux.
Cette seconde vague de mesures a significativement diminué le nombre de suicides mais, encore une fois, leur effet a tendance à s’essouffler : le taux repart à la hausse et souligne aujourd’hui une nouvelle crise des conditions carcérales en France.
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