De la délinquance à l'innovation : Tally Fofana, un parcours hors normes
Tally Fofana, ancien voleur de voitures, a choisi un chemin improbable à la sortie de la prison en devenant un entrepreneur. Dans cet article, nous explorons le parcours remarquable de Tally Fofana, de ses premiers vols à son émergence en tant que fondateur d'une start-up innovante dans le domaine de la sécurité automobile.
Le point de départ d’une escalade de délinquance : le vol de voitures
À l'âge de 14 ans, Tally Fofana commet son premier délit en volant une Peugeot 309. De vols en vols, il devient un expert en mouse jacking*. Chacun des vols lui provoque une montée d’adrénaline plus addictive, mais il amorce ainsi une trajectoire le menant vers la prison. En effet, il s’avère qu’un de ses clients était policier… Il est alors attrapé, jugé et incarcéré.
Le déclic en prison : de la criminalité à l’innovation automobile
Il écope d’une peine de 3 ans dont 2 ans ferme. Derrière les barreaux, confronté à son passé, il décide de transformer sa vie en proposant une solution au problème qu'il avait contribué à alimenter. Aujourd’hui les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1 voiture volée toutes les 4 minutes, soit environ 300 vols par jour en France.
Comme il l’explique, l’idée est partie de sa propre expérience : « Je me suis dit, tu sais comment voler une voiture, tu connais toutes les techniques, tu sais comment pirater, pourquoi tu ne t’en servirais pas pour créer un antivol qui pourrait t’empêcher toi-même de voler une voiture ? » Tally Fofana conçoit alors l'idée d'un antivol automobile connecté.
De l'idée à la réalité : la fondation de Digitall Paris
À sa sortie, aidé par l’association Wake Up Café, il candidate au Fighters program de la station F** initié par Xavier Niel. Son projet est sélectionné parmi 800 dossiers.
Commence alors une période de réflexion accompagnée, de maturation de son projet et de recherche de visibilité. Très concrètement, il avance étape par étape. Il manque d’expertise pour concevoir l’antivol et cherche donc le soutien d’ingénieurs pour développer la technologie qu’il a pensée. Tally Fofana témoigne du soutien de station F, notamment dans la légitimation de son projet. Il ne s’attendait pas à ce que le public perçoive son histoire comme inspirante et remarquable.
En 2018, il fonde DigiTall Paris et commence à convaincre l'industrie automobile de l'efficacité de son produit. Le nombre d’employés augmente et il signe son premier contrat avec le géant européen de l’automobile. Son antivol est reconnu pour empêcher 80% des vols de voiture.
Comment ?
En empêchant le mouse jacking. La grande majorité des vols passent par du piratage électronique, car la prise diagnostique (qui est une norme mondiale) est une faille d’entrée pour les voleurs. Alors son antivol se greffe sur le « système nerveux » du véhicule, fait une analyse, surveille les messages et bloque ainsi le démarrage de la voiture. Cet antivol, étant connecté au smartphone du propriétaire, peut donc détecter une tentative de vol. Une belle innovation pour lutter contre la délinquance automobile.
Un symbole d’espoir dans l’entrepreneuriat carcéralUn symbole d’espoir dans l’entrepreneuriat carcéral
L'histoire de Tally Fofana donne un nouveau souffle aux espoirs de réinsertion, et prouve par cette trajectoire marginale que la prison n’est pas une fatalité. S’il affirme avoir été soulagé d’être arrêté par la police à 39 ans afin de stopper ce cercle de vol et de délinquance, il montre aujourd’hui que l’entrepreneuriat n’est pas inaccessible dans le milieu carcéral.
*Mouse jacking : consiste à pirater un véhicule pour le voler sans laisser aucune trace d’effraction.
**Station F : campus de startups, inauguré en 2017 à Paris. Il s'agit du plus grand campus de startups au monde.
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