Évolution et défis des EPM : entre ambition initiale et réalités actuelles

Cet article est notamment basé sur le témoignage d’un surveillant de l’EPM de Quiévrechain.

 

Maison d'arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis). © Laurent Hazgui/Divergence

Les enjeux des EPM lors de leur création

En 2002 furent créés les EPM, 'Etablissement pénitentiaire pour Mineurs' par la loi Perben.

Cinq ans après, le premier ouvre à Meyzieu, près de Lyon. On en compte aujourd’hui sept en France : Lavaur, Meyzieu, Quiévrechain, Marseille, Orvault, Porcheville et Chauconin.

Chaque EPM peut en moyenne accueillir 60 jeunes, tous âgés de 13 à 18 ans. Ces établissements sont divisés en unités, six en général, cinq pour hommes et une pour les femmes. 

 

L’objectif de ces établissements : accueillir des néo-délinquants pour prévenir la délinquance juvénile. C’est-à-dire qu’ils visent à réinsérer les jeunes détenus et qu’en cas de récidive, ceux-ci sont placés en détention dans les quartiers pour mineurs (QM) des Etablissements pour Majeurs. Contrairement aux Etablissements pour adultes, les EPM mettent l’accent sur l’éducation, la formation, le sport et le soutien psychosocial. En effet, l’objectif était d’ailleurs d’y dédier 60 heures par semaine. Finalement, ce sont 30 heures par semaine qui sont en réalité prévues. Cette baisse est surtout due au fait que les détenus n’étaient pas habitués à ce rythme. Malgré ce projet, moins de 50% des détenus bénéficient de plus de 11h de cours par semaine.

 

Les EPM : obstacles à la réinsertion et déclin des objectifs

Au fur et à mesure du temps, les EPM se sont éloignés de leur objectif premier. Les jeunes revenaient dans les établissements une seconde fois, une troisième fois…

Aujourd’hui, les magistrats ne font plus du tout la différence entre EPM et QM. Une des raisons à cela est expliquée par le faible suivi post-détention des mineurs en sortie d’EPM. Ces individus sont souvent laissés sans accompagnement, et, dès qu'ils retournent dans leur ancien environnement, ils ont tendance à récidiver. Cela est notamment dû à un sous-effectif du personnel et à un manque de moyens financiers.

Dans le projet initial était prévu un binômage, c’est-à-dire la création d’un binôme entre éducateur et surveillant qui permette de travailler de manière complémentaire. Or, à cause des sous-effectifs, ce binômage n’est pas respecté dans cinq EPM sur sept. En dehors du suivi scolaire, les détenus peuvent en théorie bénéficier d’un accompagnement psychologique personnalisé. On constate un manque d’accompagnement phénoménal. Par exemple, l’EPM de Quiévrechain n’a qu’un seul psychologue pour 60 détenus

 

Dans un rapport de la Cour des Comptes, celle-ci recommande une réévaluation des objectifs mais également des concours internes et externes, et ainsi de permettre un meilleur accompagnement des détenus afin d’éviter la récidive.

 


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Sources