Privatisation carcérale : Solutions financières ou risques pour les Droits de l'Homme ?

 

« En Europe et aux Etats-Unis, la gestion des établissements pénitentiaires est de plus en plus souvent cédée au secteur privé. Un mouvement qui suscite de vifs débats. »

(Unesco, 1998)

 

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Evolution de la privatisation des prisons au fil du temps

 

Au Moyen Âge, les prisons étaient gérées par des entités privées, cette pratique a persisté jusqu'au 19e siècle. Elle a par la suite évolué en faveur des gouvernements, qui ont progressivement récupéré la gestion des établissements pénitentiaires au sein de leurs pays. Des aspects du système carcéral, comme la production de nourriture ainsi que la mise en place de programmes de rééducation communautaire sont restés à la charge du secteur privé, mais c’est à partir des années 80 que l’on observe des gouvernements confier entièrement la gestion et le fonctionnement du système carcéral à des entreprises privées. Cette tendance est surtout observée en Europe et aux États-Unis où l’opinion publique semble scindée et où des débats animés sont encore visibles aujourd’hui.

 

Les partisans de cette idée affirment que seules les entreprises privées seraient en mesure de construire rapidement des prisons assez vastes et adaptées pour accueillir une population carcérale constamment croissante. Ils considèrent également que le secteur privé échappe aux contraintes bureaucratiques qui entravent le bon fonctionnement des institutions publiques. Ils expliquent notamment que le privé serait mieux adapté et plus flexible pour répondre à des besoins en constante évolution.

 

À l'inverse, les opposants à la privatisation estiment que la criminalité concerne l'ensemble de la société et ne devrait pas être traitée comme une affaire privée entre délinquants et gardiens. Pour protéger à la fois les intérêts de la société et les droits des individus, ils affirment que c'est au gouvernement, en tant que représentant du peuple, de veiller à ce que les objectifs de l'incarcération soient atteints. Ils s’appuient donc sur un point de vue qui se soucie davantage du bien-être des individus et de la société que de la recherche de profits.

 

Bienfaits potentiels de la Privatisation : L'exemple Américain

 

Aux États-Unis, la privatisation carcérale a été mise en œuvre depuis les années 1980, avec des entreprises gérant des prisons. Un exemple marquant est celui de la prison privée de la Correction Corporation of America (CCA) à Lake Erie, Ohio aux Etats unis. Certains défenseurs de la privatisation citent cette expérience comme un succès, expliquant que le modèle privé peut générer des solutions novatrices. Néanmoins, cette expérience suscite de vives contestations de la part de divers individus, et des articles dénoncent des conditions de vie nettement inférieures à ce qui avait été initialement annoncé par les autorités.

 

Avenir de la Privatisation en France : Une tendance incertaine

 

En France, plus d’un tiers des prisons sont déjà en partie gérées par des grands groupes privés. Le mouvement de privatisation du système carcéral, entamé il y a trois décennies, prend toujours plus d’ampleur. L’État débourse près de six milliards d’euros par an pour payer leurs services, sans que les bénéfices d’une gestion privée soient démontrés. Cette privatisation rampante pose aussi une question de fond : les entreprises privées ont tout intérêt à ce que les prisons ne désemplissent pas.

 

Le débat sur la privatisation carcérale est encore à un stade précoce. Certains gouvernements locaux envisagent des partenariats public-privé (PP) pour des établissements spécifiques, mais la résistance reste forte. Les inquiétudes concernant la souveraineté de l'État, les droits de l'homme et la qualité de la gestion carcérale ont freiné l'adoption généralisée du modèle privé.

 

Problématiques du milieu carcéral : Une réflexion nécessaire

 

Au-delà du débat sur la privatisation, des problématiques fondamentales persistent dans le milieu carcéral. Des questions sur la surpopulation, les conditions de détention, la réhabilitation des détenus et la prévention de la récidive nécessitent une attention urgente, que la privatisation ne peut pas résoudre à elle seule.

 

Le débat sur la privatisation carcérale est complexe et aucune solution ne semble définitive pour le moment. Alors que des exemples aux États-Unis démontrent des succès et des échecs, la France continue de naviguer avec prudence. Les bienfaits potentiels de la privatisation doivent être évalués avec précaution, en tenant compte des risques et des questions éthiques cruciales liés au milieu carcéral.

 


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Sources